Restructuration des exploitations allaitantes à l’horizon 2035 Une fracture en 2014 ?
En l’absence de politique de filière structurelle dynamique, le renouvellement des structures allaitantes de ces dernières décennies s’est surtout fait grâce à l’arrivée d’éleveurs laitiers, avec un taux d’installation pure très faible. D’ici 2014, l’apparente stabilité du nombre d’exploitations risque de se briser avec un pic de départs à la retraite notable, qui présage d’importantes évolutions à venir dans cette filière allaitante.
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De fait, c’est surtout le flux des chefs d’exploitations d’élevage laitier vers des exploitations allaitantes qui a permis de soutenir le renouvellement des structures ces dernières années. « Et les exploitations laitières de demain devraient continuer à être issues, même après les quotas, des exploitations laitières actuelles. » Pour rappel, entre 2000 et 2007, 3900 éleveurs laitiers ont choisi l’élevage allaitant (avec 45 vaches de moyenne).
À l’inverse, l’élevage de vaches allaitantes ne présente pas les mêmes contraintes et n’a pas non plus, connu les mêmes politiques structurelles. En conséquence, il n’y a donc pas de population type, contrairement à l’élevage laitier.
La moitié des élevages concentre 78 % du cheptel
Ainsi, à côté d’un « noyau dur » d’exploitations (48 % des 128.000 détenteurs) dont l’activité d’élevage est centré sur l’élevage allaitant (parfois bovins viande-ovins viande) de taille conséquente (plus de 20 VA) et qui gérait, en 2007, 78 % des vaches allaitantes françaises (à 80 % chez les plus de 40 VA), on trouve :
- des exploitations de fin de carrière (ou de retraite), à temps partiel ou diversifiées (hors élevage) pour lesquelles l’élevage allaitant (5-19 VA) reste l’activité d’élevage dominante (7 % des VA, 20 % des détenteurs) ;
- des exploitations laitières mixtes associant vaches laitières et allaitantes (18 % des détenteurs, 11 % des VA) ;
- des exploitations utilisant des vaches allaitantes à côté de chèvres ou de brebis laitières pour exploiter des milieux différents (3 % des VA, 6 % des détenteurs) ;
- et enfin de très petits élevages (moins de 5 VA, mais aussi moins de 5 VL, moins de 50 brebis…) dont le nombre se réduit à un rythme très élevé (- 9 %/an sur 2000-2007 pour 8% des détenteurs et moins de 1 % des VA) « sans doute en raison de contraintes réglementaires et sanitaires croissantes (identification,…) apparues suite aux crises des années 2000 ou avec la conditionnalité des aides et qui paraissent bien lourdes pour des élevages de si faible dimension ».
Ainsi, pour proposer des scénarii tendanciels à l’horizon 2035, l’Institut de l’élevage s’est concentré sur ces exploitations du « noyau dur », c’est-à-dire d’élevage allaitant dominant, avec un troupeau de plus de 20 vaches, « car ces éleveurs expliquent la dynamique du cheptel vaches allaitantes et en particulier le rebond observé au niveau national depuis 2003 ».
De fortes évolutions attendues après 2014
Ainsi, les 3.900 éleveurs laitiers qui ont choisi l’élevage allaitant entre 2000 et 2007 ont compensé sur cette période « 40 % des arrêts d’exploitation ou abandons d’élevage en nombre d’exploitation et 24 % en nombre de vaches ». D’où la très faible diminution apparente (-0,8 % par an) du nombre des exploitations de ce noyau dur.
Autre distinction par rapport au secteur laitier : « l’essentiel des chefs d’exploitation en place s’est installé entre 1980 et 1990 et non entre 1980 et 2000 ». Il est donc logique de trouver un pic de départ à la retraite plus tôt qu’en élevage laitier, d’ici 2014 contre 2015-2020. « Sans atteindre la situation des farmers anglais, cette situation inhabituelle présage de fortes évolutions pour la période suivante », conclue Christophe Perrot.
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